Vendredi 19 septembre
Après mille discussions aux conclusions diverses et variées, voilà que nous avons plus ou moins décidé de laisser le destin choisir pour nous. Sinon je n’ai pas fini de me prendre la tête.
Ce soir-là, des amis viennent dîner, j’ai sorti mes vêtements de grossesse pour les prêter et je fais faire un peu d’haptonomie aux futurs parents. Je pose mes mains sur ce petit ventre, je n’arrive plus à les enlever. Ma fille observe de loin, et vient poser sa petite main, tout doucement. « Tu vois ma chérie, il y a un bébé dans le ventre d’A. ». Est-ce que je me projette ? C’est peu de le dire.
Samedi 20 septembre
Je poste une photo de mon ventre sur Instagram, taguée #nobabybump, parce que je suis hyper envieuse de tous les jolis #babybump qui fleurissent.

Mardi 23 septembre
Je prends mon élan et je saute sur le mur extérieur de la piscine pour terminer la peinture de la barrière. Dans ma tête j’essaie d’imaginer comment je vais faire pour bosser quand mon centre de gravité rendra toute ascension d’échelle périlleuse. Est-ce que c’est le moment ? Je n’en sais toujours rien.
Jeudi 25 septembre
J’ai mal aux seins. Voilà, ça y est, je commence à me créer des symptômes, il faut que je pense à autre chose ! Oui mais… et si ?
« Tu prends comme une lapine, toi ! » me lance ma copine. (Pour la puce j’étais tombée enceinte dès le premier cycle).
Je ne sais pas, je suis partagée. Une part de moi essaie de rester lucide, de ne pas interpréter chaque signe. Une autre part de moi se transforme doucement à la pensée que peut-être… En juin, quand il y a eu une fausse alerte, mon corps m’envoyait des signaux clairs mais je savais que je n’étais pas enceinte. Cette fois, les signaux sont plus subtils, mais mon cœur me dit que c’est différent.
Au cas où, je finis le fond de rosé framboise, je savoure mon hypothétique dernier verre. À ce stade, le bébé (si bébé il y a) n’est pas encore relié à moi, mais ça ne va pas tarder.
Vendredi 26 septembre
La dernière fois, j’avais nettement senti une douleur à J7, alors je guette. Même si j’essaie de ne pas guetter. Au supermarché, je dévalise le rayon poisson, j’évite la charcuterie et j’envisage un instant les chips au vinaigre. C’est officiel, j’ai craqué la culotte. J’aurai l’air fine si rien ne se passe !
Pour autant, je ne suis pas totalement enthousiaste. Je suis même inquiète. Ce n’est pas le moment, je me le répète en boucle. À dire vrai, cette sensation étrange me fait paniquer plus qu’autre chose.
Mardi 30 septembre
Je viens de me lever, la puce boit son biberon dans sa chaise haute, je prépare son sac pour la journée chez super marraine. Un malaise suspend mon geste. Je m’assois, grignote un biscuit sous les « datoooo ! » de ma fille qui ne veut pas être en reste. Ce jour-là, à l’atelier, la nourriture m’écœure, et mon mari m’observe d’un air qui en dit long. Oui mais, chéri, tu sais bien que je somatise à mort…
Mercredi 1er octobre
Ce mal de ventre… je le reconnaîtrais entre mille. Cette fois la certitude prend le pas sur le scepticisme. J’achète un test de grossesse, je ne peux plus attendre, je compte les jours qui me séparent de la date présumée de mes règles. Trois jours ? Impensable.
Vendredi 3 octobre
Je devrais avoir mes règles demain, donc en théorie je devrais encore attendre. Mais j’ai épluché les taux d’hormones et je sais que ça peut marcher. Ou pas. Mais une journée de plus me semble intenable. Je sais que ça va marcher. Je sais.
7h27 Je me réveille avec une angoisse. Une peur me cloue au lit. Non, je ne veux pas faire le test aujourd’hui… De quoi ai-je peur ? Je tente de me raisonner. J’ai peur que le test soit négatif je crois. Je me lève, me fais violence. Allez, tu sais bien qu’il sera positif, ce test. Oui, mais, et si ?
J’ose à peine regarder. Pourtant je sais ce que je vais voir. Elle est là, toute légère, toute pâle.
La deuxième barre. Un petit trait rosé, pas très franc mais qui ne laisse que peu de doute. Forcément, c’est un peu tôt, j’aurais pu attendre un jour ou deux et il aurait été d’un rose foncé, éclatant. Mais il est là tout de même.
Un petit quelque chose, tout petit petit, mais qui deviendra grand.
Mon homme se réveille quand je reviens dans la chambre. « Tu l’as fait ? » « Oui » « Alors ? »
On va avoir un bébé. Encore. Aucun de nous deux n’est surpris. Mais nous sommes tous les deux un peu sonnés de nous dire qu’encore une fois nous n’aurons pas attendu du tout.
« On va être une famille » me dit-il. « Putain, marié deux enfants… » ajoute-t-il. Ouais, si on t’avait dit ça, hein !
Ce sera pour son anniversaire, à trois jours près. Rappelons que la puce est arrivée le lendemain du mien. Comme ça, chacun son bébé.
Me voilà bien barrée !!
